Une étude publiée ce mardi nous révèle que chaque année, la pollution atmosphérique est à l’origine de près de 800 000 décès en Europe – et près de 9 millions dans le monde. C’est plus que le tabac, si l’on se réfère aux chiffres de l’OMS.
Un bourreau invisible
En utilisant une nouvelle méthode de modélisation des effets de diverses sources de pollution de l’air sur les taux de mortalité, une équipe de chercheurs estime à environ 790 000 le nombre de décès en Europe en 2015 imputables à cette pollution. Celle-ci aurait plus globalement précipité la mort de 8,8 millions de personnes dans le monde, au lieu des 4,5 millions précédemment estimés. Des chiffres inquiétants qui permettent de mieux nous représenter les dommages causés par la pollution atmosphérique, ce bourreau invisible qui entraîne (majoritairement) des maladies cardiovasculaires.
Avec cette même méthode, les chercheurs estiment à sept millions le nombre de décès entraînés chaque année dans le monde par le tabac. En partant de ce principe, la pollution tue effectivement plus que le tabac dans le monde. « Je pense que c’est le message important de cette étude, déclare Jos Lelieveld de l’Institut Max Planck de chimie de Mayence, en Allemagne, et principal auteur de l’étude. La pollution de l’air a maintenant rejoint les rangs des principaux facteurs de risque tels que l’hypertension, le diabète et l’obésité ». S’appuyant sur ces nouveaux résultats, les chercheurs alertent sur la nécessité d’accélérer notre détachement des combustibles fossiles.
« Nous devons passer à d’autres sources d’énergie »
« Étant donné que la majeure partie des particules fines et des autres polluants atmosphériques en Europe proviennent des combustibles fossiles, nous devons passer à d’autres sources d’énergie, et cela de façon urgente », poursuit le chercheur. Ce dernier recommande vivement d’abaisser le seuil limite de tolérancedes particules fines (25 microgrammes par mètre cube dans l’Union européenne), deux fois et demie supérieur au seuil limite recommandé par l’OMS.
Et si tant est qu’il soit encore nécessaire de vous convaincre, n’hésitez pas à vous référer à cet article du Parisien. Des journalistes ont passé 24 heures dans la ville avec des capteurs de particules fines et autres composés polluants. Et les tests ne sont pas jolis jolis.
On rappelle également les conclusions d’un rapport alarmant, publié en octobre dernier par l’OMS. On y apprenait en effet que près de 93 % des enfants de moins de 15 ans dans le monde (deux milliards concernés) respirent un air pollué. Et forcément, ce n’est pas sans conséquences. L’organisation estime que plus de 600 000 enfants sont décédés en 2016 suite à des problèmes respiratoires inhérents à cette pollution.
Brice Louvet, rédacteur scientifique
Source: https://goo.gl/1jjPmb