Lentement, le dos gris du phoque-moine fend la mer. Presque élégamment, l’animal reprend son souffle avant de replonger. Reconnaissable à sa teinte argentée, le phoque moine tranche dans le bleu azur de la mer. Depuis une vingtaine d’années, on observe une quantité croissante de Monachus monachus dans les eaux chaudes de la Méditerranée. Pourtant, l’espèce reste classée » en danger » sur la liste de l’UICN. Selon les derniers chiffres de l’organisation, il ne resterait que 700 phoques moines dans toute la Méditerranée, Madère et la Mauritanie. Des survivants aujourd’hui menacés par le développement d’un tourisme qui a un impact sur la faune et la flore grecques. Un secteur important pour l’économie grecque ; 20% du PIB national et 32 millions de personnes en 2018.
Si l’espèce n’est plus « en voie d’extinction » depuis 2015, le phoque moine reste classé « en danger » sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Après avoir été traqué par les pêcheurs – il ne resterait que 350 à 450 phoques-moines entre la Grèce et la Turquie – l’existence du mammifère marin est à nouveau menacée par la pression anthropique.
Milieux privilégiés et originels de mise-bas de l’animal marin, les plages se sont petit à petit converties en stations balnéaires ce qui a poussé le phoque moine à changer son comportement habituel. En Mer Ionienne, à l’Ouest de la Grèce, cette croissance urbaine a obligé les derniers individus à se réfugier dans les grottes isolées. Les côtes morcelées de Kefalonia, la plus grande des îles Ioniennes, sont l’environnement propice au développement du mammifère marin.
Avec une consommation importante de poissons par jour, l’animal a longtemps été la bête noire des pêcheurs de l’archipel car ils déchiraient régulièrement leurs filets. Progressivement, il a réussi à échapper à leurs radars et par la même à ceux des scientifiques qui déplorent l’insuffisance des informations. Longtemps pourchassé, on cherche aujourd’hui à mieux connaître l’animal. Le but ? Une meilleure compréhension de son comportement face à l’Homme afin de le protéger. L’espoir réside aujourd’hui dans le développement de nouveaux outils de préservation de la biodiversité marine.
A bord de son voilier, la fondation Octopus sillonne les mers et réalise depuis 2015 de multiples expéditions autour du phoque moine. Les caméras autonomes placées par l’équipe dans les grottes des côtes grecques en Mer Ionienne pourraient ouvrir de nouvelles perspectives à une communauté scientifique en manque d’informations. En installant ce type de dispositif à l’intérieur de grottes spécifiques, la fondation cherche à établir un lien entre l’occurrence des phoques dans ce nouvel environnement et la pression anthropique. Bien que les conclusions ne soient encore que partielles, les scientifiques s’accordent à dire que des données supplémentaires permettraient d’évaluer la survie du phoque moine au contact des humains. Etablir cette corrélation pourrait finalement permettre de protéger le phoque moine dans son environnement.
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